Une porosité entre art et publicité
Il est évident, à travers les exemples précédents, que l'espace public est un lieu qui fait office de vitrine de consommation, largement dominé par les publicitaires. Cet affichage massif de publicités incite le passant à adopter une posture de consommateur. Dans cet environnement saturé d’informations visuelles, nous avons constaté que l’exposition d’images d’art parvient néanmoins à s’exprimer dans la rue, que ce soit à travers des accrochages, des installations scénographiées en volume, ou même par l’utilisation détournée des panneaux publicitaires.
Être confronté simultanément à des publicités et à une exposition d’images d’art ne plonge-t-il pas le public dans un sentiment de confusion ?
Est-ce que l’art, présent de manière éphémère dans la rue, est condamné à être consommé plutôt que contemplé ? De quelle manière la rue peut-elle être un support d’exposition à part entière tout en échappant à la logique de consommation propre à l’affiche publicitaire ? Lorsqu’on se place dans l’espace urbain, qu’est-ce qui distingue réellement l’art de la publicité ? Est-ce une simple question de contenu ? Peut-on se demander si leur message est identique ou s’ils partagent un discours commun ?
La publicité constitue un point central de notre réflexion : sa forte présence nous interroge sur
la place des expositions d’images artistiques et leur rôle dans l’espace urbain. Elle s’appuie sur des codes spécifiques, efficaces et bien établis. Nous allons explorer quels sont ces codes et analyser leurs impacts sur le passant et le public.
« Une promesse, un cri de ralliement, une poésie de la consommation.
Elle doit séduire et convaincre en un éclair. »
Elle doit séduire et convaincre en un éclair. »
C’est dans son ouvrage Ne dites pas à ma mère que je suis dans la publicité, elle me croit pianiste dans un bordel12 que Jacques Séguéla définit la publicité comme une technique de communication de masse utilisée pour promouvoir un produit, un service, une idée ou une marque, en influençant le comportement ou les décisions d'achat du public ciblé. Elle joue un rôle essentiel dans la stratégie globale d'une marque, avec pour objectif d’atteindre et d’engager son public cible. Par quels moyens y parvient-elle ? Et comment fonctionne-t-elle ?
On imagine souvent la publicité comme un assemblage d'images et de textes qui, pour nous, public, incite à la consommation. Elle repose sur un bon équilibre entre texte et image, suffisamment efficace pour nous permettre de saisir l’ensemble du message : le produit, le service, l’identité de la marque et parfois même son prix. Le texte, que l’on appelle le slogan, complète parfaitement l’image de la publicité. Il se présente souvent sous forme de courtes phrases, voire parfois d’un seul mot. Cette concision favorise l'efficacité, suscite l'intérêt et aide à la mémorisation.
12 Jacques Séguéla, Ne dites pas à ma mère que je suis dans la publicité,
elle me croit pianiste dans un bordel, Flammarion, Paris, 1979, 281 p
Daniel Buren, Travail in situ mai-juin dans les rues,
Paris, 1969
par Wieden + Kennedy, 2017
agence TBWA\Media Arts Lab, Paris, 2019
“Venez comme vous êtes”, Paris, 2009
Barbara Kruger, 1987
Prenons quelques exemples comme “Just Do It”13 de Nike, qui renvoie un message direct et motivant ; “Parce que je le vaux bien”14 de L’Oréal, qui valorise l’estime de soi ou bien encore “Impossible is Nothing”15 d’Adidas, qui évoque le dépassement de soi.
On pourrait ajouter que la publicité cherche à établir une certaine complicité et à persuader son public en s'adressant directement à lui. Il nous arrive souvent de faire face à des campagnes publicitaires qui mettent en avant des destinations de voyage, de belles chaussures, ou encore des produits alimentaires. C’est notamment le cas de la célèbre campagne de McDonald’s avec son slogan “Venez comme vous êtes”16, qui s’adresse au public avec sympathie pour lui faire sentir que leurs restaurants sont comme une deuxième maison.
Dans ce dialogue que la publicité engage avec le public, on retrouve une répétition incessante d'images reproduites à l’infini : on ne les voit pas une, deux ou trois fois, mais une multitude de fois. Elles se déploient partout dans l’espace urbain. Prenons le cas du métro : dès qu'on tourne la tête, on se retrouve face à de grands cadres publicitaires affichant la même image. Cela peut créer un effet de vertige, une saturation qui interpelle le public. Certes, cela peut aussi conduire le public à se lasser. En plus d'être présentes en grand nombre sur tous les supports dans l'espace, il y a aussi une notion de dimension : les échelles sont différentes et varient.
C’est sur le même support que l’on peut observer une variation du nombre de réclames affichées simultanément. Cela est particulièrement le cas avec les panneaux déroulants, qui en sont un exemple marquant. Peut-être que cette variation, ou plutôt ce mouvement, apporte aux citadins un peu moins de lassitude et anime, d’une certaine manière, l’image. Cependant, ce type de dispositif aurait-il du sens ou de la valeur pour exposer les photographies d’un même artiste ? Finalement, cela ne risquerait-il pas d’accroître la confusion avec une publicité ? L’idée de diffuser en série une image artistique serait-elle vraiment bénéfique ?
Parce que, si l'on se réfère à ce que Walter Benjamin aborde dans son ouvrage L'Œuvre d'art à l'époque de sa reproductibilité technique17, la reproduction massive est liée aux avancées technologiques. Cela permet à une œuvre d’être reproduite à l'infini et diffusée dans des contextes variés. Cependant, Benjamin précise surtout que cet effet de reproduction entraîne une perte de l’aura de l'œuvre : c'est-à-dire une forme d'unicité, d'authenticité et de force propre à l'œuvre. Selon ses dires, la simple idée que l'image d’art soit reproduite et placée dans des cadres publicitaires la conduirait à perdre de sa valeur. Mais cela peut tout autant être une démarche permettant de donner une portée plus large à l'œuvre d'art et de la faire connaître au plus grand nombre. Il s’agirait alors d’apporter l'œuvre d’art à tous, sans qu’elle reste enfermée quelque part.
Les artistes se sont inscrits dans cette démarche en utilisant des codes de la publicité, comme les slogans ou les grandes images déployées dans l’espace urbain, pour s’exprimer et mettre leur travail en valeur. Il est évident qu’en gagnant en visibilité, ils peuvent mieux transmettre leur message et montrer leur savoir-faire.
On pourrait ajouter que la publicité cherche à établir une certaine complicité et à persuader son public en s'adressant directement à lui. Il nous arrive souvent de faire face à des campagnes publicitaires qui mettent en avant des destinations de voyage, de belles chaussures, ou encore des produits alimentaires. C’est notamment le cas de la célèbre campagne de McDonald’s avec son slogan “Venez comme vous êtes”16, qui s’adresse au public avec sympathie pour lui faire sentir que leurs restaurants sont comme une deuxième maison.
Dans ce dialogue que la publicité engage avec le public, on retrouve une répétition incessante d'images reproduites à l’infini : on ne les voit pas une, deux ou trois fois, mais une multitude de fois. Elles se déploient partout dans l’espace urbain. Prenons le cas du métro : dès qu'on tourne la tête, on se retrouve face à de grands cadres publicitaires affichant la même image. Cela peut créer un effet de vertige, une saturation qui interpelle le public. Certes, cela peut aussi conduire le public à se lasser. En plus d'être présentes en grand nombre sur tous les supports dans l'espace, il y a aussi une notion de dimension : les échelles sont différentes et varient.
C’est sur le même support que l’on peut observer une variation du nombre de réclames affichées simultanément. Cela est particulièrement le cas avec les panneaux déroulants, qui en sont un exemple marquant. Peut-être que cette variation, ou plutôt ce mouvement, apporte aux citadins un peu moins de lassitude et anime, d’une certaine manière, l’image. Cependant, ce type de dispositif aurait-il du sens ou de la valeur pour exposer les photographies d’un même artiste ? Finalement, cela ne risquerait-il pas d’accroître la confusion avec une publicité ? L’idée de diffuser en série une image artistique serait-elle vraiment bénéfique ?
Parce que, si l'on se réfère à ce que Walter Benjamin aborde dans son ouvrage L'Œuvre d'art à l'époque de sa reproductibilité technique17, la reproduction massive est liée aux avancées technologiques. Cela permet à une œuvre d’être reproduite à l'infini et diffusée dans des contextes variés. Cependant, Benjamin précise surtout que cet effet de reproduction entraîne une perte de l’aura de l'œuvre : c'est-à-dire une forme d'unicité, d'authenticité et de force propre à l'œuvre. Selon ses dires, la simple idée que l'image d’art soit reproduite et placée dans des cadres publicitaires la conduirait à perdre de sa valeur. Mais cela peut tout autant être une démarche permettant de donner une portée plus large à l'œuvre d'art et de la faire connaître au plus grand nombre. Il s’agirait alors d’apporter l'œuvre d’art à tous, sans qu’elle reste enfermée quelque part.
Les artistes se sont inscrits dans cette démarche en utilisant des codes de la publicité, comme les slogans ou les grandes images déployées dans l’espace urbain, pour s’exprimer et mettre leur travail en valeur. Il est évident qu’en gagnant en visibilité, ils peuvent mieux transmettre leur message et montrer leur savoir-faire.
13 « Just Do It », slogan Nike par Wieden+Kennedy, 1988
14 « Parce que je le vaux bien », slogan L’Oréal par Ilon Specht, 1971
15 « Impossible is Nothing », slogan Adidas, 2004
16 « Venez comme vous êtes », slogan McDonald’s, 2007
17 Walter Benjamin, L'Œuvre d'art à l'époque de sa reproductibilité technique,
Gallimard, Paris, 2008, version 1939, 175 p
14 « Parce que je le vaux bien », slogan L’Oréal par Ilon Specht, 1971
15 « Impossible is Nothing », slogan Adidas, 2004
16 « Venez comme vous êtes », slogan McDonald’s, 2007
17 Walter Benjamin, L'Œuvre d'art à l'époque de sa reproductibilité technique,
Gallimard, Paris, 2008, version 1939, 175 p
En adoptant ces codes, l'artiste diffuse son message à grande échelle. Cela peut être perçu comme une stratégie audacieuse d'appropriation de l'espace urbain. On peut notamment évoquer l’artiste Barbara Kruger, qui intègre des slogans percutants et des couleurs vives dans ses grandes affiches, telles que “We Don’t Need Another Hero”18. Plus récemment, on pense également au photographe JR, avec ses photographies en grand format collées, qui investissent l’espace urbain.
Mais les images d’art ont-elles besoin de ces supports pour nous interpeller, ou ont-elles le pouvoir de le faire par elles-mêmes ? C’est-à-dire, grâce à l’originalité de leur contenu, de se démarquer clairement de la publicité, même lorsqu’elles en adoptent les codes de mise en visibilité.
Ou bien faut-il, en les exposant dans l’espace urbain, prendre soin de signaler qu’il s’agit bien d’art et non de publicité ?
Ou bien faut-il, en les exposant dans l’espace urbain, prendre soin de signaler qu’il s’agit bien d’art et non de publicité ?
18 “We Don’t Need Another Hero”, Barbara Kruger,
Sérigraphie sur vinyl, 1987
Sérigraphie sur vinyl, 1987
avec la fresque “Chiroptera” par l’artiste JR,
Paris, 2023
New York, Novembre 2024
Prenons l'exemple de l'œuvre “LifeWorld”19, créée en 2024 par Ólafur Elíasson. L'artiste et son studio ont travaillé sur une série d'images inspirées des flux de mouvement et de lumière issus de la ville. Sur les images, tout est flouté et mis au ralenti, afin d'obtenir des tableaux de lumière. Elíasson restitue son travail et l'offre en le diffusant dans des lieux stratégiques : sur les grands écrans publicitaires de Times Square à New York et de Piccadilly Circus à Londres.
Dans son cas, il est bien précisé au public qu'il s'agit d'une performance, d'une œuvre proposée par l'artiste. Le studio d’Elíasson réalise une collaboration avec les exploitants de ces écrans pour exposer cette œuvre tous les soirs. On peut tout de même affirmer que cette œuvre, par exemple, et même d'autres, vont d'abord nous attirer par leur visuel, mais dans un second temps, elles nous invitent à une réflexion sociale, politique, voire philosophique.
19 “Life World”, Ólafur Elíasson, Commande CIRCA,
en partenariat avec WeTransfer, Midnight Moment, 2024
https://www.timessquarenyc.org/tsq-arts-projects/lifeworld
en partenariat avec WeTransfer, Midnight Moment, 2024
https://www.timessquarenyc.org/tsq-arts-projects/lifeworld
“L'art est un des moyens d'union entre les hommes,
un des moyens de leur communication”.
un des moyens de leur communication”.
Dans son essai Qu'est-ce que l'art ?20, Léon Tolstoï, nous définit l’art comme un langage universel qui permet de transmettre à autrui des émotions ressenties par l'artiste, cela nous amène ainsi à créer un lien émotionnel entre l'auteur de l'œuvre et son public. Il poursuit qu’il considère une œuvre artistique lorsqu'elle parvient à susciter chez le spectateur, une émotion similaire à celle ressentie par son créateur.
L’art nous impacte, il nous touche, établit une connexion avec lui, et il nous déstabilise, alors que la publicité est également un moyen de communication, mais qui est avant tout un divertissement lucratif, ce qui n’est pas l’objectif de l’art. Cependant, en explorant la distinction entre l’art et la publicité dans l’espace urbain, nous avons observé des liens solides entre les deux. L’art s’inspire souvent de la publicité pour élargir son audience et renforcer l’impact de son message critique, tandis que la publicité s’appuie sur l’art pour ajouter une dimension de noblesse et susciter une émotion visuelle, favorisant ainsi la consommation.
Cette relation crée une certaine porosité entre ces deux domaines. Présenter des œuvres artistiques en reprenant les codes de la publicité n’est peut-être pas une solution satisfaisante en soi. Si une exposition d’art se trouve dans un espace urbain, comment peut-elle être réduite à une simple exposition d’images de consommation ?
À travers différents exemples, nous avons vu que certaines expositions s’inspirent des formats des musées. Serait-il possible de s’appuyer sur des éléments de l’exposition traditionnelle
en musée pour créer une exposition urbaine qui s’affranchisse de l’influence de la publicité ?
20 Léon Tolstoï, Qu’est-ce que l’art ?, 1898 ; rééd. Paris,
Presses universitaires de France, 2006.
Extraits p. 197-204, 214-215
Presses universitaires de France, 2006.
Extraits p. 197-204, 214-215
dans les villes
La ville musée
Lors de l'analyse précédente, nous avons noté qu'il y avait des installations dans l'espace public, dont les dispositifs rappelaient ceux d'une exposition traditionnelle présente dans un musée. On peut se rappeler des expositions vues auparavant : celles aux accrochages d'images à la suite sur des grilles de parc, ou encore à celles sur des structures autoportantes sur une place publique. Et nous avons constaté que ces expositions peuvent être assimilées ou confondues avec une manifestation publicitaire.
La publicité se déploie à tout moment, partout, à différentes échelles et supports, elle maîtrise parfaitement ses codes et s’intègre habilement dans l’espace urbain. On la retrouve le long des rues, des boulevards et même sur les moyens de transport comme les autobus. Cela fait que le passant, en tournant simplement la tête, capte une image. Si cette image bouge, une autre est déjà présente à côté ou plus loin. Mais lorsque nous sommes en mouvement, avons-nous réellement le temps de l’observer ? Le spectateur est ainsi soumis à plusieurs temps : celui de voir et celui d’absorber l’image.
En revanche, si une image d’art, une exposition urbaine fonctionne dans ce schéma, on perd de cette rencontre qui invite à la découverte et à la réflexion, et cela peut perdre de son impact si elle apparaît brièvement ou se disperse dans une séquence. Cela brise le rythme nécessaire à la contemplation. La contemplation est définie comme un acte de réflexion, d'émerveillement et d'interprétation.
La réflexion artistique semble nécessiter un ralentissement. Contrairement à la publicité, qui s’adapte aux flux, aux mouvements et aux déplacements propres à l’espace urbain.
En revanche, si une image d’art, une exposition urbaine fonctionne dans ce schéma, on perd de cette rencontre qui invite à la découverte et à la réflexion, et cela peut perdre de son impact si elle apparaît brièvement ou se disperse dans une séquence. Cela brise le rythme nécessaire à la contemplation. La contemplation est définie comme un acte de réflexion, d'émerveillement et d'interprétation.
La réflexion artistique semble nécessiter un ralentissement. Contrairement à la publicité, qui s’adapte aux flux, aux mouvements et aux déplacements propres à l’espace urbain.
21 Jean Davallon, L'exposition à l'œuvre:
Stratégies de communication et médiation culturelle,
L'Harmattan, 2000, 384 p
Stratégies de communication et médiation culturelle,
L'Harmattan, 2000, 384 p
Mais ralentir les flux dans une ville déjà rythmée par la vitesse n’est-il pas une tâche complexe, voire paradoxale ? Faut-il alors que les expositions parviennent à contrer cette rapidité, emblématique de la vie urbaine, pour permettre un temps d’arrêt et de réflexion ?
Tout d’abord on pourrait revenir sur ce qu’est une exposition. Elle est définie par Jean Davallon comme un dispositif de communication qui structure une expérience et transmet des connaissances ou des points de vue par l'organisation d'objets, de textes, d'images et de parcours :
Tout d’abord on pourrait revenir sur ce qu’est une exposition. Elle est définie par Jean Davallon comme un dispositif de communication qui structure une expérience et transmet des connaissances ou des points de vue par l'organisation d'objets, de textes, d'images et de parcours :
“Une exposition est un dispositif médiatique particulier qui vise à produire
une mise en relation entre des objets et des visiteurs dans un espace déterminé.
Elle est à la fois une mise en scène et une mise en sens.”21
une mise en relation entre des objets et des visiteurs dans un espace déterminé.
Elle est à la fois une mise en scène et une mise en sens.”21
La scénographie permet aux visiteurs de vivre une expérience unique, certes esthétique, mais surtout intellectuelle. Il poursuit en précisant que l'exposition est avant tout un espace de narration et d'interaction, qui raconte une histoire. Les expositions déjà existantes dans la rue sont en contact direct avec le public et ne préparent pas forcément le visiteur à une immersion dans un récit.
Dans le cas d’une exposition dans l'espace urbain, à quel moment et qu'est-ce qui marque le début de l’expérience de visite ? La ville est un environnement qui bouge et qui est en perpétuel mouvement.
On y retrouve un certain nombre de personnes qui se déplacent d’un point A à un point B.
On y retrouve un certain nombre de personnes qui se déplacent d’un point A à un point B.
Dans “La production de l’espace”22 Henri Lefebvre décrit la rue comme un espace de passage délimité par la fonction qui lui est attribuée, telle que la circulation ou l’accès au commerce, mais sans réelle signification. Prenant l'exemple des boulevards larges et rectilignes qui fluidifient le trafic, des zones commerciales fonctionnelles et anonymes, ainsi que des centres commerciaux conçus pour optimiser le flux de consommation, il explique que ces espaces sont avant tout à des fins de productivité et de contrôle. D’ailleurs, la publicité s’est bien adaptée à ce rythme pour marquer sa présence. Et c’est ce qui va inquiéter Monique Renault pour les musées, dans son article “Seuil du musée, Deuil de la ville ?”23 .
Dans cet article, elle évoque l'évolution des musées et aborde le fait que la ville entre dans les musées et urbanise ces temples de culture. Selon Monique Renault, les musées se fragilisent et perdent de leur valeur.
Cette évolution fait perdre de la valeur à l'art. Les musées deviennent des espaces commerciaux au dépend de la culture. Dans cette analyse de l'évolution des musées, elle décrit les musées où le visiteur s'élève à la culture en gravant des marches à un musée qui se place au même niveau que la ville.
Après il est vrai que les musées sont devenus des lieux de rencontres, de partage, d’évènements mais aussi de commerces avec des boutiques et des restaurants. Mais avoir un musée qui s’ouvre à “l'urbanisation” n’est pas un mal car on offre un accès plus large au public et une volonté de n’exclure le moins de personne voire même casser l’image du musée bourgeois. Ce que Monique Renault réfute et souhaite que les musées soient et restent des lieux à huis clos, des espaces où la culture est protégé de l'extérieur.
Autre point important que Monique Renault aborde dans cet article : la notion de seuil. Selon elle, il est important qu'il y ait une séparation, une distinction entre la culture, le musée et la ville, et cela se matérialise par le fait de monter, d'accéder à la culture. À l’opposé, on peut aborder la vision du seuil par le muséologue français et fondateur du Musée national des arts et traditions populaires de Paris, Georges Henri Rivière24. Il nous présente le seuil du musée comme un espace de transition et non comme un espace de séparation.
Le seuil est perçu comme une forme de rituel de passage, c'est-à-dire quelque chose de progressif où le visiteur laisse temporairement de côté son quotidien pour entrer dans un nouvel espace de réflexion, de découverte et de contemplation. Nous pouvons en déduire que cela s’applique à l’exposition.
Franchir un seuil ne devrait pas signifier une rupture nette avec le monde extérieur, mais plutôt une forme de continuité. Cet espace devrait être une transition où le visiteur ressentirait une forme de douceur par rapport à l’agitation de la ville, vers la découverte et la réflexion, mais sans perdre le lien avec son environnement social.
Dans cet article, elle évoque l'évolution des musées et aborde le fait que la ville entre dans les musées et urbanise ces temples de culture. Selon Monique Renault, les musées se fragilisent et perdent de leur valeur.
Cette évolution fait perdre de la valeur à l'art. Les musées deviennent des espaces commerciaux au dépend de la culture. Dans cette analyse de l'évolution des musées, elle décrit les musées où le visiteur s'élève à la culture en gravant des marches à un musée qui se place au même niveau que la ville.
Après il est vrai que les musées sont devenus des lieux de rencontres, de partage, d’évènements mais aussi de commerces avec des boutiques et des restaurants. Mais avoir un musée qui s’ouvre à “l'urbanisation” n’est pas un mal car on offre un accès plus large au public et une volonté de n’exclure le moins de personne voire même casser l’image du musée bourgeois. Ce que Monique Renault réfute et souhaite que les musées soient et restent des lieux à huis clos, des espaces où la culture est protégé de l'extérieur.
Autre point important que Monique Renault aborde dans cet article : la notion de seuil. Selon elle, il est important qu'il y ait une séparation, une distinction entre la culture, le musée et la ville, et cela se matérialise par le fait de monter, d'accéder à la culture. À l’opposé, on peut aborder la vision du seuil par le muséologue français et fondateur du Musée national des arts et traditions populaires de Paris, Georges Henri Rivière24. Il nous présente le seuil du musée comme un espace de transition et non comme un espace de séparation.
Le seuil est perçu comme une forme de rituel de passage, c'est-à-dire quelque chose de progressif où le visiteur laisse temporairement de côté son quotidien pour entrer dans un nouvel espace de réflexion, de découverte et de contemplation. Nous pouvons en déduire que cela s’applique à l’exposition.
Franchir un seuil ne devrait pas signifier une rupture nette avec le monde extérieur, mais plutôt une forme de continuité. Cet espace devrait être une transition où le visiteur ressentirait une forme de douceur par rapport à l’agitation de la ville, vers la découverte et la réflexion, mais sans perdre le lien avec son environnement social.
22 Henri Lefebvre, “La production de l'espace”,
Article Persée, 1974, p 15-32
https://www.persee.fr/doc/homso_0018-4306_1974_num_31_1_1855
23 Monique Renault, “Seuil du musée, Deuil de la ville ?”,
Article, 2000, p 15-20
24 Georges Henri Rivière, La Muséologie, cours de Muséologie,
Bordas Editions, 1993, 403 p
Article Persée, 1974, p 15-32
https://www.persee.fr/doc/homso_0018-4306_1974_num_31_1_1855
23 Monique Renault, “Seuil du musée, Deuil de la ville ?”,
Article, 2000, p 15-20
24 Georges Henri Rivière, La Muséologie, cours de Muséologie,
Bordas Editions, 1993, 403 p
25 Jean Davallon, L'exposition à l'œuvre:
Stratégies de communication et médiation culturelle,
L'Harmattan, 2000, 384 p
Stratégies de communication et médiation culturelle,
L'Harmattan, 2000, 384 p
Nous avons le bon exemple avec le Centre Pompidou à Paris qui de part son architecture et sa configuration donne des ères de temple du commerce mais dans lequel la notion de seuil est respectée car on est bien sur des espaces de transition qui nous emportent et nous amènent au cœur de l’exposition. Et avec ces escalators, on gravit également pour accéder à la culture.
Si le musée laisse entrer la ville pour démocratiser l’accès à l’art, et qu’il devient un espace poreux entre le flux urbain et le calme de la culture alors il semble possible que la place d’une exposition au cœur de la ville soit tout à fait légitime et puisse prendre place. Mais à condition que nous puissions avoir un seuil. Un passage, une transition qu’offre la rue pour que l’art soit reconnu et qui s’insert dans le tissu urbain et pourrait tout aussi bien se distinguer d’une manifestation publicitaire frontale.
Si le musée laisse entrer la ville pour démocratiser l’accès à l’art, et qu’il devient un espace poreux entre le flux urbain et le calme de la culture alors il semble possible que la place d’une exposition au cœur de la ville soit tout à fait légitime et puisse prendre place. Mais à condition que nous puissions avoir un seuil. Un passage, une transition qu’offre la rue pour que l’art soit reconnu et qui s’insert dans le tissu urbain et pourrait tout aussi bien se distinguer d’une manifestation publicitaire frontale.
On a vu que le seuil de l'exposition guide le visiteur à plonger dans un espace de découverte et de contemplation. C’est une forme d’invitation au voyage, un voyage qui n’est pas nécessairement linéaire. Jean Davallon, dans sa définition25, parle d’une découverte physique, avec un déplacement du visiteur d’un espace à un autre. Faut-il créer des seuils dans la ville
ou peut-on partir de l'existant ? Qu'est-ce que la ville offre comme espace de seuil ? Si l'on se base sur le fait que les expositions dans les espaces du musée s'adaptent, voire jouent avec l'architecture de celui-ci, on pourrait tout à fait se demander si l'exposition, cette fois dans l'espace urbain, pourrait également jouer sur l'espace et sa structure.
La construction d’une exposition est réfléchie pour le visiteur, mais avant tout pour lui permettre de vivre une expérience culturelle personnalisée, plaisante, consciente et intellectuelle. La manifestation publicitaire dans l’espace urbain est plutôt agressive dans ses actions incitant à la consommation, mais elle capte et interpelle le passant avec ses grands visuels et ses slogans percutants. Elle connaît et s'approprie parfaitement la rue en s’intégrant dans le tissu urbain.
L’exposition d’art peut se situer à la frontière de la publicité, en assumant une certaine porosité pour approcher le public au mieux, mais il est important que le passant puisse la distinguer, et cela passe notamment par un seuil. Le passant qui souhaite devenir visiteur d’une exposition n’a pas besoin de se retrouver face à des images multiples identiques, ni dans un format habituel, cela passe aussi par une non-linéarité de l’exposition et un cadre qui va à l’encontre du flux et des mouvements, une pause. Exposer des œuvres d’art dans l’espace urbain doit refléter ce qui se produit physiquement et symboliquement dans une exposition de musée, pour se démarquer de la publicité qui est captivante mais surtout consumériste.
Nous avons observé qu'une exposition peut s'approprier les codes de la publicité et ceux du musée pour s’intégrer dans l’espace urbain. Maintenant Il s'agit désormais de trouver des principes et voir comment le design peut apporter des éléments qui permette de pouvoir imaginer une exposition qui se place dans la rue.
ou peut-on partir de l'existant ? Qu'est-ce que la ville offre comme espace de seuil ? Si l'on se base sur le fait que les expositions dans les espaces du musée s'adaptent, voire jouent avec l'architecture de celui-ci, on pourrait tout à fait se demander si l'exposition, cette fois dans l'espace urbain, pourrait également jouer sur l'espace et sa structure.
La construction d’une exposition est réfléchie pour le visiteur, mais avant tout pour lui permettre de vivre une expérience culturelle personnalisée, plaisante, consciente et intellectuelle. La manifestation publicitaire dans l’espace urbain est plutôt agressive dans ses actions incitant à la consommation, mais elle capte et interpelle le passant avec ses grands visuels et ses slogans percutants. Elle connaît et s'approprie parfaitement la rue en s’intégrant dans le tissu urbain.
L’exposition d’art peut se situer à la frontière de la publicité, en assumant une certaine porosité pour approcher le public au mieux, mais il est important que le passant puisse la distinguer, et cela passe notamment par un seuil. Le passant qui souhaite devenir visiteur d’une exposition n’a pas besoin de se retrouver face à des images multiples identiques, ni dans un format habituel, cela passe aussi par une non-linéarité de l’exposition et un cadre qui va à l’encontre du flux et des mouvements, une pause. Exposer des œuvres d’art dans l’espace urbain doit refléter ce qui se produit physiquement et symboliquement dans une exposition de musée, pour se démarquer de la publicité qui est captivante mais surtout consumériste.
Nous avons observé qu'une exposition peut s'approprier les codes de la publicité et ceux du musée pour s’intégrer dans l’espace urbain. Maintenant Il s'agit désormais de trouver des principes et voir comment le design peut apporter des éléments qui permette de pouvoir imaginer une exposition qui se place dans la rue.
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